top of page
  • Photo du rédacteurNassira Belloula

Les crânes des combattants algériens ou l’affront de la France coloniale

Ni Slimi ni ses compatriotes ne vont détourner l’Histoire de son cours, ni les articles commandités par les ennemis de l'Algérie, qui ont l’art de jeter des os pourris à leurs fidèles adeptes qui s’en saisissent pour se donner un but d’exister.


Le musée de l’homme, le début de cette histoire.


La chasse aux crânes algériens a commencé au 19e siècle, lorsque Georges Cuvier un naturaliste de l’époque, donna le coup d’envoi à la collecte de vestiges humains pour le musée de l’Homme, au nom, dit-il de la science. Edmond Vital, alors directeur de l’hôpital de Constantine, collectionnait déjà les têtes des combattants algériens et les prestigieux chefs insurrectionnels. Lorsqu’il mourut à Constantine en 1874, il légua sa macabre collection à son frère René-Honorin Vital, c’est lui qui va offrir à son tour ces crânes au Musée de Paris.


C’est à partir de cette date de 1874 que les restes des combattants algériens sont d’abord exposés à la Société d’anthropologie de Paris avant d’être transférés au musée de l’homme à Paris.


L’idée scandaleuse de la collecte de ces crânes fermentée par des médecins, zoologistes, scientifiques et ethnologues de la Société d’anthropologie de Paris était de mener des recherches scientifiques sur les crânes des peuples colonisés afin de répondre à une question qui les préoccupait : la race blanche est-elle supérieure aux autres ?


Difficile recensement


Il est très difficile d’avoir le nombre exact des crânes d’Algériens au musée de l’Homme, certains ont été mal conservés, d’autres sans indications réelles, aucune indication nom, tribu, etc., surtout que ce musée de l’horreur contient plus de 18 000 crânes provenant de ces multiples colonies.

À ce jour, 31 crânes ont été identifiés clairement, 24 ont été récupérés par l’Algérie. L’opération se poursuit.



Le 26 novembre 1849, au terme d’un siège de quatre mois, près de 6000 soldats français commandés par le général Émile Herbillon se lancent à l’assaut de Zaatcha, une oasis fortifiée du Sud-Constantinois habitée par plusieurs centaines d’habitants et défendue par des résistants commandés par Ahmed Bouziane, dit le cheikh Bouziane. Plus de 800 Algériens meurent dans les combats du 29 novembre 1849, les survivants sont massacrés.


Parmi les 536 crânes recensés au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) de Paris, il y a 70 qui appartiennent aux résistants de Zaâtcha (Biskra). Le fils de cheikh Bouziane, Al Hassen Bouziane, crâne qui a disparu 15 ans et qui était décapité le mardi 27 novembre 1849.


D’après les estimations les plus basses, il y eut ce jour-là huit cents Algériens massacrés. Tous les habitants tués ? Non. Le général Herbillon se crut obligé de fournir cette précision : « Un aveugle et quelques femmes furent seuls épargnés ». Le pire est que la presse française d’alors reprit ce rapport cynique.


Parmi ces crânes des résistants, des imams et des chefs de tribus qui ont déclaré el Djihad contre la France comme Moril Cherfa, « marabout des montagnes du Djurdjura, Algérie, mort à Alger le 16 décembre 1843 ». La note de Guyon dit : « Moril Cherfa, Kabyle de 25 à 28 ans, des montagnes du Djurdjura, fait prisonnier comme il parcourait le pays pour exciter la population à la guerre. »


Il y trouve également le crâne de Mohamed ben Siar, Kabyle de la tribu des Issers, mort prisonnier de guerre à l’hôpital du Dey, le 13 juin 1837. Mais aussi le crâne de Chaâmba Monadhi, Arabe d’El Goléa, département d’Alger, provenant de la collection de Frédéric Weisgerber, qui pillait des tombes isolées avant de faire parvenir leur contenu au Muséum, inscrivant la mention suivante à propos de Chaâmba : « Cette tombe est située auprès d’un ancien cimetière dont j’ai rapporté deux squelettes complets, un vieillard et une jeune femme, et un crâne de femme avec ses cheveux, une clavicule et un humérus, et dont je fais hommage à la Société. Ces squelettes me paraissent appartenir aux Chaâmbas. »



Il note, par ailleurs, la présence d’une tête anonyme d’un Algérien conservée par le mercure et la dessiccation solaire, don de M. Périer à la Société d’anthropologie de Paris, portant la mention suivante : « Voici maintenant une tête arabe, celle d’un jeune guerrier de la tribu des Hadjout, coupée aux environs d’Alger le 7 mars 1839.

J’étais alors chirurgien du bureau arabe d’Alger et je dois dire comment cette tête vint en ma possession. Les Hadjout, tribus révoltées, faisaient des incursions jusque dans la Mitidja, et terrifiaient toute la contrée.


11 autres crânes de résistants algériens, dont le crâne de Saïd, un marabout décapité en 1841 à Bab Elloum, Alger-Centre, le crâne d’une personne décapitée en 1841, celui de Amar Bensliman, Alger-Centre, le crâne de Mohamed Ben El Hadj, âgé entre 17 et 18 ans, de la grande tribu de Beni Menacer, celui de Belkacem Ben Mohamed El Djenadi, le crâne de Ali Khelifa Ben Mohamed, 26 ans, décédé à Alger le 31 décembre 1838.


Par ailleurs, Ali Farid Belkadi a souligné que le cas des crânes du site de Koudiet-Aty (Constantine), conservés au MNHN, est “particulier”, dont il dit ignorer “s’il s’agit de crânes collectés lors de la prise de Constantine en 1837 ou bien s’ils appartiennent à des insurgés qui ont combattu les Français aux côtés du Cherif Boubaghla, qui fut lui-même décapité le 26 décembre 1854”.


Il a expliqué que Koudiet-Aty fut le lieu choisi par les médecins militaires et les collectionneurs français pour y entreposer les crânes des résistants algériens avant leur transport vers la France. “Seules des recherches approfondies, dans les archives du muséum, permettront peut-être et si jamais elles sont tentées, de savoir s’il s’agit de crânes de résistants collectés par Edmond Vital, le médecin-chef de l’hôpital de Constantine, qui amassait les têtes des chefs de la résistance, dont celui de Cherif Boubaghla ou bien s’il s’agit de guerriers d’Ahmed Ben Mohammed Cherif, plus connu sous le nom d’El-Hadj Ahmed Bey, le dernier bey de Constantine, mort le 30 août 1851 et enterré au Mausolée de Sidi Abderrahmane à Alger”, a-t-il dit.


Parmi ces ossements, il précisé qu’un grand nombre de crânes ont été collectés à Khenchela, Djorf Torba (Béchar), une nécropole saharienne antéislamique, Sefar (près de Djanet), Bordj Pérez (Adrar). “Des squelettes entiers (El-Ménéa, Ghardaïa), Alger, Oran, El Kala ou encore Tébessa ne sont pas épargnés par cet engouement macabre qui consistait à entasser des restes humains algériens dans des tonneaux pour leur faire traverser la Méditerranée en direction du MNHN de Paris”, a-t-il affirmé, ajoutant que d’autres ossements, collectés à Ternifine (Tighenif, Mascara) et Roknia (Guelma) appartiennent à la préhistoire et à la protohistoire de l’Algérie. Parmi les 536 crânes recensés au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) de Paris, il y a 70 qui appartiennent aux résistants de Zaâtcha (Biskra), a indiqué lundi à l’APS le chercheur algérien Ali Farid Belkadi, estimant que leur existence dans ce musée est “un outrage dilatoire à la dignité humaine”.


L’un des crânes récupérés par l’Algérie est celui de l’illustre Boubaghia, en compagnie de plusieurs centaines d’autres. Il s’est retrouvé dans les réserves du Musée de l’Homme à Paris. Des crânes, rappelle Gilles Manceron qui “ne devraient pas être là”,

170 ans plus tard, “le silence n’est plus possible” s’indigne l’historien Pascal Blanchard. Ces résistants ont droit à une sépulture digne, dans le pays pour lequel ils ont combattu. Mais voilà, ces crânes sont considérés par l’État français comme un bien inaliénable, faisant partie du patrimoine de la France !


Pourquoi cette situation aussi scandaleuse qu’ubuesque  ?


Les crânes des révoltés de 1849 doivent être restitués pour rappeler l’histoire de la colonisation en Algérie, explique un collectif d’intellectuel, parmi lesquels l’écrivain Didier Daeninckx, l’historien Gilles Manceron ou l’universitaire Mohamed Tayeb Achour.






47 vues0 commentaire
Bouton
bottom of page