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Photo du rédacteurNassira Belloula

Kamel Daoud : « Je ne pouvais plus écrire et respirer en Algérie. »

Je ne sais pas à quoi renvoie cette déclaration faite par Kamel Daoud dans le Point du 3 septembre de l’auteur de « Houris » qui vient d’être présélectionné pour le Goncourt ? Avait-il besoin de faux-fuyant pour accompagner sa sélection au Goncourt ? N’a-t-il pas confiance dans sa plume pour lancer des perches aveugles à gauche et à droite ?


Un écrivain a le droit d’écrire sur les sujets qui l’inspirent, il n’y a aucun thème tabou, encore moins la décennie noire, ce n’est pas du commerce, c’est un devoir de mémoire. Donc ce n’est pas le dernier roman de Kamel Daoud qui est pointé de doigt ni sa thématique.



Ma critique envers Kamel Daoud porte sur ses déclarations et ses articles très souvent « irréfléchis » et qui n’obéissent à aucune logique d’une pensée consécutive, et verse plus dans une pensée de fausseté. Sa dernière sortie dans le journal Le Point, « je ne pouvais plus respirer et écrire en Algérie ». Pourtant, c’est à partir de l’Algérie, et dans les bras de l’Algérie, que Kamel Daoud écrivait et respirait jusqu’en 2022 lorsque Macron lui offrit la nationalité française. Cependant, c’est dans les bras de l’Algérie qu’il avait concocté durant des années ses chroniques. Toutefois, c’est en Algérie que Kamel Daoud a eu son premier Prix littéraire Mohamed Dib. Pourtant, c’est à partir de l’Algérie qu’était né, écrit et publié « Meursault contre-attaque ». Et, c’est grâce au travail de son éditeur basé en Algérie qu’il a pu mettre son bout de nez en France. Donc il pouvait écrire, et respirer avant 2024, ou bien portait-il un masque d’oxygène pour le faire ? Kamel Daoud n’a jamais été inquiété en Algérie, poursuivi, arrêté, empêché d’écrire. Il était libre d’écrire et de respirer… il était tellement libre qu’il avait rejoint le FIS à un moment donné de sa vie. Pourquoi tant de fausseté dans la pensée victimaire ? C’est incroyable d’observer comment nos écrivains ont besoin de plus que leur littérature pour s’imposer, comme s’ils n’avaient pas confiance dans leurs plumes et l’appuient avec des déclarations tirées par les cheveux.


Lorsque le turc Orhan Pamuk, l’égyptien Mahfoud Najib, le Sénégalais David Diop, la Marocaine Leila Slimani et bien d’autres publiaient des romans, ils n’accompagnaient pas leurs publications de déclarations houleuses. Ils ne tentaient pas d’atteindre les podiums autrement que par leurs plumes. À croire que seuls, les écrivains algériens usent de ces procédés. Najib Mahfoud et Orhan Pamuk ont écrit des livres forts, très critiques envers leurs pays. Ils écrivaient (Pamuk écrit toujours) avec leur langue (juste une remarque) et ont su s’imposer au monde littéraire sans recourir à des déclarations d’agités ni cherchaient une approbation autre que littéraire à leurs œuvres.  


Ces auteurs cités et bien d’autres lauréats du Goncourt ont opté par l’excellence littéraire sans recourir aux faux-fuyants. Ils n'ont pas tenté de plaire à un certain lectorat en monnayant leur propre liberté de penser qui devient otage d'elle-même. Ils n'ont pas trouvé une raison en empruntant la voie de l’aliénation, l’agitation, l’indigestion littéraire, la perte de « l’identité » primaire, le dénigrement pour s’imposer comme écrivain de valeur comme s'ils ne faisaient pas confiance à leurs talents et ont besoin d'un plus qui est "plaire" à tout prix au détriment de ses propres "convictions" (peut-être) pour être dans les grâces de l'opinion étrangère ?


Tous les auteurs usent d’une critique de leur société dans leurs romans à travers des thèmes forts qui nous poussent à une réflexion et leurs romans suffisent à éclairer. Or : chose observée chez les nôtres, c’est en dehors de la littérature qu’ils tentent de se tracer un chemin vers la gloire.

Lorsque Leila Slimani a obtenu le Goncourt avec Chanson douce, c’était avec un roman qui traitait d’un fait divers passé en France avec des protagonistes françaises. Pareil pour David Diop son roman Frère d’âme, lauréat du Goncourt des lycéens, portait sur les tirailleurs sénégalais durant la Deuxième Guerre mondiale, d’autres lauréats dont les romans primés ne traitent pas spécifiquement des maux de leurs pays d’origine. Mais, ils dépassent largement ces thématiques pour s’inscrire dans une histoire universelle, le cas du magnifique roman de Mohamed Mbougar SARR, la plus secrète mémoire des



hommes (à lire absolument), Goncourt 2021. Il me semble que la seule condition pour qu’un auteur algérien puisse accéder à des podiums, c’est de parler de l’Algérie, non pas comme terreau inspirateur (c'est normal et logique). Mais de faire des déclarations sur les plateaux télé, dans les articles de presse, les entretiens, etc., où très souvent on observe que les interlocuteurs amènent ces écrivains à parler non pas de leurs romans, mais de leur pays sur d’autres plans. Kamel Daoud nous a donné bien des aperçus en évoquant "la rente mémorielle" oubliant la souffrance de son peuple durant 130 ans de colonisation.


Pourquoi les écrivains "étrangers" pars français d'origines qui sont primés et reconnus, le sont grâce à des romans dont les thématiques sont universelles, parfois, ne s'inspirant pas de leur pays d'origine ou si tel est le cas, ils n'accompagnent pas leurs œuvres de déclarations enflammées afin de mieux se faire "élire" ou accepter par les autres ?"


Si Kamel Daoud était une femme, j'aurais sans doute compris cette métaphore.


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