Un roman devrait rester une œuvre littéraire et ne jamais devenir un « puant » objet politique. Il doit être défendu comme fiction, quel que soit le sujet, sinon il perd toute saveur et qualité littéraire en devenant un instrument de propagande contre un pays, une société, une tragédie. Le romancier doit défendre son œuvre et non pas chercher d’autres voies pour atteindre ce qu’il désire.
C’est extraordinaire, combien la France officielle, ses médias et relais ont la mémoire courte ou juste de mauvaise foi. Le roman Houris leur a donné le moyen de ressortir leurs vieux démons contre l’Algérie, en se servant du terrorisme. Ils ont brandi les mots censures, interdictions, amnésies en braquant le doigt sur l’État algérien, et non le « régime » pour nous brandir cette histoire de « qui tue qui » subtilement.
Cette presse française a réussi à "corrompre" d'autres presses canadiennes par exemple et Québécois, en passant le message que l'Algérie veut cacher les évènements tragiques de la décennie noire.
Voyons donc, heureusement, que nous sommes encore là, vivants, et ayant traversé cette décennie "rouge" courageusement et douloureusement. Quand les noyaux de ce qu’on appelait les Afghans sont rentrés au pays, ces "combattants" dans les rangs des talibans (dressés, alimentée et nourrie par les É.-U. contre la Russie) l'horreur va commencer. Ces
groupes et partis politiques vont bénéficier d'une manne financière accordée par certains pays, et pays arabes notamment. L’Algérie est entrée dans un cycle de violence sans précédent ou chaque citoyen et citoyenne algérienne qui sortait le matin, n’était pas certain(e) de rentrer chez elle vivante, le soir. À ce moment-là, alors que tombaient les intellectuels, les écrivains, les journalistes, les professeurs… la France offrait Visa, asile politique, refuge aux islamistes et aux terroristes.
Hannchi, Kebir et co, narguaient les Algériens à partir de Paris, Londres, Berlin, Genève en revendiquant ouvertement l’assassinat de nos intellectuels. La tragédie algérienne se jouait à « guichet fermé », car la France et d’autres pays ont décidé de la clouer au pilori, non seulement, ils ont accusé l’Algérie de tuer des « opposants » ces affreux terroristes égorgeaient bébés et femmes, et la France nous brandissait les droits de l’homme, mais ils l’ont isolé cette Algérie qui luttait seule contre le terrorisme, qui payait chèrement sa lutte pour sauvegarder la République. Ils ont même porté de lourdes accusations contre l'armée nationale algérienne pour sa défense du pays. Ils ont été jusqu’à l'isoler dans les aéroports. Qui se souvient dans quel état les Algériens débarquaient en France ? L'état du terminal et son emplacement ?
Tahar Djaout, Youcef Sebti, Lâadi Flici, Hafid Senhadri, Mahfoud Boucebci, Smaïl Yefsah, Abdelkader Alloula, Azzedine Medjoubi, Cheb Hasni, Said Mekbel...
Une liste très longue. Ici nous avons écrivains, poètes, dramaturges, médecins, journalistes pour vous donner un aperçu de cette saignée en parallèle la France qui ose nous faire la morale à travers un roman accueillait même des membres du FIS et du GIA. Quand ces « bienveillantes personnes genre Rachid Ramda ont commencé leurs actes terroristes en France, les doigts étaient encore tournés vers les services algériens. Il faudra attendre 2011, lorsque l'Amérique "la bien-aimée" le pouls du monde, soit touchée par le terrorisme islamiste pour que le monde ouvre les yeux sur la tragédie algérienne. Aujourd’hui, à travers un roman écrit plus de vingt ans après la tragédie et à partir de la France, alors que d’autres romans ont été publiés en Algérie sur le terrorisme durant le terrorisme, et après, à partir de l’Algérie surtout, on nous sort “Le silence et la Peur”, “Mémoire interdite en Algérie”, “Le courage de dénoncer”, “Censure, censure, omerta sur la décennie noire” et j’en passe, alors que la presse algérienne malgré la peur au ventre et le courage de la plume titrait chaque matin que Dieu faisait durant plus de dix ans sur les tragiques évènements, le Matin, El Watan, Le Soir d’Algérie, Liberté, La Nouvelle République, l’Expression, El Moudjahid…, plus les médias lourds, chaque matin l’horreur était exposée à nu.
Aujourd’hui, les séquelles et les traumatismes sont présents en nous, et largement.
Nous ne nous sommes jamais tus, que nous soyons romanciers, journalistes, chroniqueurs et simples citoyens.
On nous appelait les romanciers de l'urgence.
Sauf cette presse écrite, lourde, numérique continue à nous ignorer, et ne désirent pas avoir une once d'honnêteté et ouvrir les yeux sur cette réalité, que des romanciers algériens, depuis les années quatre-vingt-dix à nos jours, écrivent sur la décennie noire. C’est cette fausse information que véhiculent les médias français, canadiens (québécois) et autres dont le journalisme est devenu un jeu malsain dont rechercher la vérité est ailleurs et personne ne cherche à approfondir le sujet. Ce n'est pas dans leur intérêt. Il faut que Kamel Daoud continue à nourrir leur réalité et réussir à vendre un roman qui sort du cadre littéraire, pour devenir un "puant objet politique", présenté comme l'unique, le courageux, l'extraordinaire roman qui ose contre toutes les censures. Or : il est possible d’écrire sur la décennie noire avant la loi de réconciliation nationale (2005) et il demeure toujours possible de le faire après la loi et jusqu'à nos jours, et ce même en publiant dans des maisons d’éditions algériennes, c'est-à-dire de l'intérieur du pays.
Le vrai courage était d'écrire en Algérie, à partir de l'Algérie, durant les années 90.
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