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  • Photo du rédacteurNassira Belloula

L’Histoire du Zellige et de l’étoile à huit branches - rapport avec la culture algérienne.





L'étoile a huit branches aujourd'hui un fort symbole islamique a été attestée en Algérie dès le 10ème siècle chez la dynastie Ziride, puis Hammadid. Et, le Zellige apparût à la même date sont des arts ancestraux algériens.


L’étoile à huit branches est un symbole qui a existé dans une grande variété de cultures. Il était utilisé par les Babyloniens, les chrétiens, les Égyptiens, les agnostiques, les hindous, les bouddhistes, les musulmans, etc. On le voit même sur des drapeaux nationaux et dans l’iconographie religieuse, et est devenue le symbole de l’architecture et ornement dans l’art islamique.


Aujourd’hui, cet art ancestral et commun à beaucoup de pays se trouve otage encore une fois d’une certaine société qui s’était placé ses dernières années comme le berceau de l’humanité et des arts, en mettant main basse sur tous les arts, musiques, patrimoines, architectures, arts culinaires, habits traditionnels des pays voisins surtout l’Algérie qui se voit dépouillée constamment de ses composantes culturelles et historiques jusqu’à l’appropriation de personnalités algériennes.


L’histoire provoquée par le nouveau maillot de l’équipe nationale de football algérien mérite réflexion une sur l’exagération de la part du ministère marocain qui accuse l’Algérie de lui avoir volé et tenez-vous bien deux éléments fondamentaux d’une grande partie de la civilisation mondiale ; l’étoile à huit branche d’un côté et de l’autre l’art du Zellige.

Or, si nous remontons un peu le temps pour comprendre un peu l’histoire d’abord de l’étoile à huit branches.


La première fois que cette étoile a fait son apparition, c’était à l’époque mésopotamienne donc durant la civilisation sumérienne, babylonienne et akkadienne, il y’a de cela des siècles presque incalculables, c’est-à-dire 3900-3000 av. J.-C à l’aube de l’humanité lorsque ce qu’on appelait le croissant fertile conforme à la Syrie aujourd’hui et une part de l’Irak entre le Tigre et l’Euphrate, étaient le véritable berceau de l’humanité, de là est née l’écriture et l’agriculture.




Cette étoile était le symbole de la déesse Isthar, très vénérée en ces temps-là, et dont l’image nous est parvenue grâce aux tablettes d’argiles, poteries, tranches de murs, objets et reliques religieuses. Puis, ce sont les Cananéens anciens peuples vivants entre la Palestine et le Liban qui l’ont adoptée comme un symbole religieux.


L’Étoile est présente aussi dans la culture Hindoustan, elle s’appelle l’Ashta Lakshmi, formée par deux carrés superposés à 45° et symbolise les huit formes de vie ou des richesses de la déesse Lakshmi. Elle existe depuis plus de 5000 ans.


Ce sont les trois périodes où l’étoile a fait son apparition et utilisées à nos jours, on la retrouve notamment chez les Indiens d’Amériques. Puis, nous arrivons à l’époque romaine soit exactement à l’an 25 av. J.-C.. , et en Algérie, où elle fait son apparition comme ornement, sur les murs, poteries, reliques religieuses, bassins d’eau, etc. Le musée de Cherchell (Algérie) offre de magnifiques représentations de cette étoile. Cherchell rappelons-le qui était le capital du roi Juba II natif d’Annaba en Algérie et fils du roi Juba I roi numide.





Et, c’est durant la civilisation islamique que cette étoile va prendre de l’importance, elle est caractérisée par le symbole islamique de l’alphabet arabe ; Rub3 ail Hizb ce qui signifie le quart de section, utilisé surtout pour marquer une fin de chapitre en calligraphie arabe et également pour marquer la fin de chaque hizb dans le Coran.





D’où vient l’art du Zellige ?


Pour expliquer l’art du Zellige, il faut revenir à la mosaïque romaine et byzantine, car c’est de là que va s’inspirer l’art du Zellige.

Les historiens et chercheurs offrent deux pistes quant a le développement du Zellige soit d’Est vers l’Ouest.


- La première piste


L’art du zellige appelé Kachany en Iran et Irak, en Syrie il est nommé Qishani, en Algérie, Tunisie, Maroc Zellig, en Espagne (Castille surtout) c’est l’azulejo, en catalogne c’est Rajoles. La signification de zul est bleue (bleu azur). Il est apparu disent les historiens au 8e siècle au Moyen-Orient. Au fait, les plus anciens objets de céramique ont été retrouvés à Samarra, puis Perse et en Mésopotamie. Dans cette dernière civilisation, on retrouve l’étoile et huit branches et l’art de la céramique.


On retrouve également Zellige au mihrab de Kairouan à la fin du 9e siècle, l’époque des Abbassides ce qui confirme la première thèse des historiens que le zellige est né au 8e siècle au Machrik et s’est développé d’est en ouest. Il a ensuite été introduit en Andalousie puis en Algérie et Maroc.

La deuxième piste offerte : est que le Zellige a vu le jour sous la dynastie des Zirides qui l’ont introduit en Andalousie, puis d’Andalousie il a été introduit au Maroc.


Les Zirides ont fondé leur royaume en l’an 972 (n’oublions pas que e sont les zirides qui ont rajouté l’actuelle coupole de la mosquée Kairouan [Tunisie]. Ils ont construit le minbar de la mosquée des Andalous à Fès. Mais, ce sont les Hamadides 1014, branche des zirides, qui ont bâti la Qal'a des Beni Hammad en utilisant des éléments architecturaux islamiques, s’inspirant des fatimides, sassanides, byzantins et perse également dans la faïence surtout à reflet métallique.


Les Hammadides vont développer l’art de la céramique et de l’émail, un large éventail de céramiques représentatives de cet art et productions du monde musulman médiéval a été retrouvé dans la forteresse [des fragments et pièces se trouvent dans les musées algériens et en France représentant zellige et l’étoile à huit branches].

Nous sommes donc ici au 10e et 11e siècle avec les dynamises Zirides, donc dawlet esanhadja et dawlet les Hammadides.


Nous allons passer à la dynastie des Zianides en 1236 fondée par Yaghmoracen Ibn Ziane, originaire des Aurès en Algérie. C’est lui qui avait bât en 1248 le palais du Méchouar comme l’attestent tous les historiens de l’époque. Ceux qui avancent que c’est Youssef ben Tachfin qui l’a construit, juste rappelons-le, que Youssef Ibn Tachfin est mort en 1106 bien avant la construction de ce palais qui a servi comme inspiration aux maillots de l’équipe algérienne de foot.


Les Zianides vont également développer l’art du Zellige, dit zellaig à Tlemcen. Il va être utilisé dans l’ornement du minaret de l’ancienne mosquée d’Agadir [l’ancien nom de Tlemcen] par Yaghmoracen vers l’an 1236, puis dans le minaret de la grande mosquée de Tlemcen la même année, construit également par Yaghmoracen, et dans le minaret de la petite mosquée d’Ouled ail Imam construite en 1310 et enfin dans le minaret, le pavage du sol de la cour de la mosquée du Mechouar érigée par Abou Hammou Moussa I en 1317. Le zellige fut également utilisé dans le minaret de la mosquée de Sidi Brahim El Masmoudi fondée par Abou Hammou Moussa II en 1364. À Bâb-el-Qarmâdîn [Tlemcen] se trouvaient des ateliers pour la fabrication du zellige datant du 11e siècle et ont cessé ses activités au 13e siècle.


Le sultan Abou Hammou Moussa Ier et son fils Abou Tachfine employaient de la main-d’œuvre venue d’Andalousie. C’est le cinquième sultan de Grenade Abu Walid Ismaïl qui leur envoyait les meilleurs et les plus brillants des architectes et artistes de son royaume pour construire la capitale Zianide.



Et, les Mérinides dans l’Histoire.


Les mérinides semblent être eux qui vont développer l’art du Zellige dans l’actuel Maroc, et nous sommes ici au 13e siècle lorsqu’ils prennent le pouvoir. Les Merinides selon Ibn Khaldoun, Henri Terrasse, Charles Meynnier, Hubert Lyautey, et Charles André viennent de l’Algérie, et selon toujours les historiens, leur drapeau n’était pas rouge et ne comportait pas l’étoile à huit branches. Mais, il était en soie blanche parfois avec des écriteaux en or louant Allah. Les Merinides vont utiliser le savoir-faire des Zianides dans l’art du Zellige comme l’attestent beaucoup d’historiens.


Conclusion


Le Zellige est un art ancestral algérien qui a traversé les époques du 10ème siècle au 21ème siècle, on le retrouve dans beaucoup de palais, bâtiments, cours intérieurs des maisons, des fontaines, des bassins d'eau, des plafonds, mosquées, etc. Il suffit juste d'aller jeter un oeil dans les musées algériens pour les antiquités et faire un tour dans nos maisons.





Petit récap


- Zellige Kalaâ Béni Hammad, 1104

- Zellige minaret de la grande mosquée de Tlemcen, 1236

- Zellige Mechouar Tlemcen, 1248

- Zellige Mederssa Attarine Merinide, Fès, 1323


Sources


- J.J.L Bargès, Complément de l’histoire des Beni-Zeiyan rois de Tlemcen : ouvrage du cheikh Mohammed Abd’al — Djalil al-Tenessy

- Ernest Leroux Libraire-Éditeur, Paris, 1887,

- Georges Marçais, Lesvilles d’art célèbres : Tlemcen, ENAG éditions, Alger, 2011

- Rachid Bourouiba, l’art religieux musulman en Algérie, SNED, Alger, 1981,

- Alfred Bel, Les industries de la céramique à Fès, Alger, A. Leroux Libraire Éditeur, Paris, 1918

- Georges Marçais, Les monuments arabes de Tlemcen, Albert Fontemoing Éditeur, Paris, 1903

- Grigori Lazarev, Généalogies et géographies tribales

- Muḥammad ibn ʿAbd Allâh al — [14-1494] Auteur du texte Tanasī, Histoire des Beni-Zeiyan, rois de Tlemcen, par l’iman Cidi Abou-Abd’-Allad-Mohammed Jbn-Abd’el Djelyl el-Tenessy

- Les civilisations de l’Afrique du Nord : Berbères-Arabes turcs. Par Victor Piquet. Publié par A. Colin, 1909

- Les civilisations de l’Afrique du Nord : Berbères-Arabes turcs. Par Victor Piquet. Publié par A. Colin, 1909.

- Yaḥyá ibn Šaraf al-Nawawī, Chronique d'Abou Zakaria

- Gilbert Meynier, L’Algérie, cœur du Maghreb classique : de l’ouverture islamo-arabe au repli [698-1518], La Découverte, 2010.

- Ernest Bosc, Dictionnaire de l’art, de la curiosité et du bibelot, Paris, Librairie de Firmin-Didot et Cie, 1883

- Jules Adeline, Lexique des termes d’art, Société française d’Éditions d’Art, Paris, 1884

- Ernest Leroux Éditeur, Paris, 1896

- Ricard P. Pour comprendre l’art musulman dans l’Afrique du Nord et en Espagne, Librairie Hachette, Paris, 1924.

- Gaston Migeon, Manuel d’art musulman : arts plastiques et industriels, Tome premier, Éditions Auguste Picard, Paris, 1927

- Ibn Battûta, Voyages d’Ibn Battûta, Tome 4 [texte arabe accompagné d’une traduction] par Charles Defrémery et B. R. Sanguinetti, préface et notes de Vincent Monteil, Éditions Anthropos, Paris, 1979

- Eugène-Oscar Lami, Dictionnaire encyclopédique et biographique de l’industrie et des arts industriels, Volume 2, Librairie des dictionnaires, Paris, 1882

- William et Georges Marçais, les monuments arabes de Tlemcen, Albert Fontemoing Éditeur, Paris, 1903

- Alfred Bel, un atelier de poteries et faïences au Xe siècle de J.-C. découvert à Tlemcen, D. Braham Éditeur, Constantine, 1914

- Abderrahmane Ibn Khaldoun, Kitâb al-Ibar wa diwân al-mubtada wal khabar, Volume 7, (version arabe), Darelfikr, Beyrouth, 2000

- Georges Marçais, l’architecture musulmane d’Occident : Tunisie, Algérie, Maroc, Espagne et Sicile, Arts et Métiers graphiques, Paris, 1954


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