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  • Photo du rédacteurNassira Belloula

Est-ce qu’on peut excuser un plagiat même partiel au nom d’une théorie littéraire?

Dernière mise à jour : 28 oct. 2022

Avant d’entamer le sujet, une anecdote qui m’était arrivée. Dans un travail universitaire, j’ai repris un petit paragraphe de l’un de mes romans, sans citer la source c’est-à-dire moi, l’ouvrage et la page. Cela avait été considéré comme un plagiat et forte heureusement, une fois l’ambiguïté levée, j’ai compris la profondeur d’un plagiat.


Qu’est-ce qu’un plagiat ?


Un plagiat pour résumer avant de l’expliquer veut dire « tromperie » en Grec puisque c’est l’origine de ce mot. Mais, c’est quoi au juste un plagiat afin de bien comprendre ce que nous dénonçons ? Au fait, il est défini clairement : c'est se servir d’un texte d’un autre auteur sans le citer. Ainsi, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur et surtout sans le citer est un plagiat.


Un plagiat est fermement condamnable. Il ne peut pas être justifié, approuvé, défendu, surtout pas en invoquant des dispositions littéraires pour l’expliquer, telles que l’emprunt, l’intertextualité… etc.


Le plagiat n’est pas juste reprendre le texte de quelqu’un d’autre, mais reproduire la même idée avec vos propres mots, c’est-à-dire en utilisant des synonymes. Aussi, recopier les paragraphes de plusieurs auteurs afin de faire un semblant de patchwork avec vos propres idées c’est du plagiat.


C’est quoi l’intertextualité?


C’est l’ensemble des relations existant entre plusieurs textes surtout en littérature. Or, sa pratique n’est pas aisée. L’auteur qui s’adonne à l’intertexte doit avoir les moyens de le faire, cela implique une connaissance des textes qui dialoguent entre eux, à l’intérieur toutefois des limites, car l’auteur se doit de reconnaître la source des textes qu’il combine, et les reconnaît autant que tels, appartenant à d’autres auteurs, et qui va transformer dans le fond l’espace textuel qui les accueille. Il ne s’agit pas de mettre un texte « copié-collé » et poursuivre l’écriture. Car, au-delà des raisons morales et éthiques, il s’agit d'esthétique.


Ici l’intertextualité évoquée dans un article paru dans l’Expression récemment qui explique un plagiat par l’intertextualité, or, l’intertexte est tout sauf du plagiat : « Le plagiat littéraire comme modalité éthiquement et esthétiquement inférieure de l’intertextualité (Roberto Gac) ». Certains n’hésitent pas sous ce prétexte de l’intertextualité de reprendre à leurs comptes des passages qui ne leur appartiennent pas. Les exemples dans notre monde littéraire ne manquent pas. Cependant la règle de l’intertextualité, est de permettre au lecteur de naviguer dans ce jeu littéraire, de repérer les indices qui renvoient vers la source des textes utilisés. Ce qui signifie que les textes servant de base à l’intertextualité sont des textes publiés mis entre les mains des lecteurs qui peuvent aisément les reconnaître. Or, prendre des textes de support public ou privé et les inclure dans son propre texte est du plagiat. Car, le jeu de l’intertextualité n’est pas respecté ici.


Peut-on excuser un plagiat ?


Chaque romancier à sa méthode de travail, prendre des notes, faire des dessins, des descriptifs, souligner une idée, des phrases dans un roman, mais en aucun cas, il ne peut remodeler ses phrases, ni en changer les termes par d’autre synonyme en gardant le corps. Notre texte ne peut que refléter nos idées, nos phrases, nos tournures, nos questionnements, c’est notre propre créativité dans tout le sens du terme.


S’inspirer d’autres écrits n’est pas en soi condamnable, mais faire attention à ce que l’inspiration soit réellement un travail inédit à 100 %.


C’est pourquoi dans le cas qui s’était posé récemment et dont j’ai eu des échos par des ami(e)s qui m’ont demandé mon avis. J’ai cherché à comprendre avant tout, en lisant les déclarations des partis concernés.


En premier cas, on ne peut pas blâmer l’auteur plagié ou pour être moins dur à qui on a emprunté un texte, des phrases, paragraphe, etc., qu’importe. Il est tout sauf blâmable. Car le texte lui appartient et son droit de s’élever contre cette pratique.


L’auteur a reconnu les faits, sauf dans un roman on ne peut pas mettre des phrases d’autres personnes et mettre leurs noms, ça reste un roman censé être inédit. Dans un essai, on peut se permettre des renvois vers des sources et des notes en bas de pages, pas dans un roman. Sauf, l’ambiguïté née des échanges est carrément malsaine si j’ose dire. On ne peut pas justifier un plagiat, aussi minime soit-il.


Mais, j'étais interpellée, par la sortie médiatique de l’éditeur du roman incriminé et son manque de tact, son arrogance, son mépris et sa non-connaissance des valeurs qui régissent la création littéraire et notre monde littéraire qui doit rester sain et respectueux.


Blâmer et condamner l’auteur du texte plagié est d’une indélicatesse insensée. Deux, prétendre que le texte « emprunté » se résume à deux phrases qui aurait été « plagiée » sur un mur Facebook, deux phrases somme toute ordinaires, ne dénote pas-il d’un manque de sérieux dans la qualité des œuvres publiées ? Des phrases ordinaires ou médiocres comme j’ai eu à le lire ne sont-elles pas un aveu d’un manque de sérieux dans l’édition littéraire ?


Dans ses explications, il s’était entremêlé les pinceaux en voulant défendre son auteur en lui assignant le « coup de grâce ». Il ne s’agit pas de « de la méchanceté gratuite » ou au pire de la « malhonnêteté », mais bien d’un droit, celui de l'auteur d'origine qui a le droit de défendre son travail. Et, même si ce n'était que deux phrases -bien que ce ne fut pas le cas au regard des déclarations des deux auteures- ça reste condamnable.

Et, il ne s’agit pas d’entraver une « étoile montante" de la littérature algérienne aux dires de l'éditeur, mais du sérieux et de la rigueur.


L’auteure a reconnu son « étourderie », car sa méthode de travail semble à risque, recopier les textes des autres ou des phrases, idées sans mettre les sources clairement, peut effectivement amener à ce genre de situations délicates, mais l’attitude de l’éditeur est impardonnable. Et l'auteure victime de cette pratique qui a subi l'ire de certains partisans soit de l'éditeur ou de son auteure n'est aucunement justifiée, surtout les mots utilisés et la vindicte sont condamnables à plus d'un titre. Comment peut-on blâmer une auteure qui défend son texte et justifier l'auteure qui emprunte des textes ?

C'est un renversement des valeurs.


(Photos de Nadia Belkacemi, romancière et poétesse, et l’auteur du texte plagié





un logiciel utilisé pour détecter les textes « empruntés » ici un exemple utilisé avec mon propre texte)







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