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Photo du rédacteurNassira Belloula

La France se souvient de ses harkis

Dernière mise à jour : 1 oct. 2022

Et, qui se souvient des circonscrits de force 14/18, de ces 25.000 Algériens (35 000) selon d’autres chiffres mort pour la France durant la Première Guerre mondiale.

25.000 Algériens mobilisés de force par la France se sont battus jusqu’à la morts. Beaucoup, ne savaient pas pourquoi ils se battaient. Ces combattants arrachés à leurs foyer et maison n’étaient ni soldats ni miliaires. La plupart étaient de paisibles et miséreux paysans qui ne savaient même pas où se trouvait l’Allemagne et n’ont jamais entendu parler d’elle, certains sinon beaucoup ne savaient pas où se trouvait la France même, qui était limitée à la colonisation de leur pays.


la France n’hésite pas de puiser dans son vivier colonial, ayant droit et vies sur ses colonisés.

Il y aura aussi la Deuxième Guerre mondiale. Et, la France n’hésite pas là aussi de puiser dans son vivier colonial, ayant droit de vie et de mort sur ses colonisés. Et, elle va mobiliser de force, en usant de la conscription, elle n’a eu aucun honneur ni dignité de reconnaître ses combattants d’infortune, ses 270 000 Nord-Africains venus la secourir, et autant des autres pays de l’Afrique noire. Ce sont en tout quelque 600 000 colonisés qui furent mobilisés en tout.




70 000 combattants musulmans vont tomber durant la seule bataille de Verdun en 1916 (le cimetière de Verdun défie le temps).



Aujourd’hui la France, toute honte bue demande pardon aux harkis, à ceux qui volontairement se sont enroulés dans ses rangs pour se battre contre leurs frères, leur pays, leurs aïeules, leur terre et leur Histoire. Elle demande pardon à ceux qu’elle n’a pas forcés à se battre pour elle. Et, elle oublie ceux qu’elle a forcés à se battre avec elle, à mourir pour elle dans deux effroyables guerres qui se passaient hors des frontières de l’Algérie.


Puis, il y aura la mobilisation durant la Deuxième Guerre mondiale. Mon propre père ira se battre dans les tranchées de l’Alsace. Il reviendra avec une mémoire douloureuse. Il n'a pas eu la chance de son père mon grand-père caché dans les montagnes pour échapper à la circonscription de 14/18.


Et, comme pour 14/18 ce sont 134 000 Algériens (plus 73 000 Marocains, 26 000 Tunisiens et 92 000 originaires d’Afrique noire) que la France incorpore à son armée. Cette armée mixte donnera le quart des pertes françaises pendant tout le conflit. Ces tirailleurs algériens dont la bravoure a traversé le temps se sont battus aussi bien en Alsace (5 400 morts) que durant la campagne d’Italie au sein du corps expéditionnaire français du général Juin (4 000 Maghrébins, surtout des tirailleurs algériens et tunisiens, sont tués).


Pierre Montagnon écrit « Les tirailleurs de la 3e DIA, la division des trois croissants, écriront sur les pentes des Apennins quelques-unes des plus belles pages d’héroïsme de l’histoire de l’armée française. Ces enfants de la vieille Numidie que leur chef, le général de Montsabert, qualifie de par leur origine d’héritiers de la IIIe Augusta enlèveront le Monna Casale (1395 mètres), le Monna Acqua Fondata (1325 mètres), s’accrochent au Belvédère avant de forcer la ligne Gustav et de marcher sur Rome »


Et, lors du débarquement de Provence en août 1944, ils sont 130 000 hommes (algériens et tunisiens) soit 50 % des effectifs, leurs pertes s’élèvent à 3716.


Aujourd’hui la France a du mal pour ses harkis, a du mal pour ses propres combattants qui ont choisi délibérément leurs camps, ses propres combattants qu’elle a abandonnés soit derrière elle, soit cantonné dans d’insalubres camps barbelés durant vingt ans, le temps d’une nouvelle génération, perdue, élevée entre des barbelés. Ceci est son problème, interne, franco-français.


Sauf si elle se rappelle qu’elle a failli envers eux qu’elle se souvient de ceux qu’elle a incorporés de force, ceux qu’elle a traînés dans « bourbier des tranchées du nord de la France, où leurs corps deviendraient très vite un mélange de chair, de boue et de ferraille. Mais malgré, l’ignorance et le dénuement, malgré la déchirure, quittant leurs familles et le pays qui les a vus naître, malgré l’horreur des tranchées, il est reconnu par tous qu’ils furent des combattants courageux et dont la bravoure leur valut d’être comptés parmi les plus médaillés de tous les contingents », écrit la sociologue Leïla Benammar Benmansour.


Pour finir un combattant algérien, rescapé de ces guerres plus celle d’Indochine touche 130 € (témoignage d’un ancien combattant algérien) devant un ancien combattant français qui touche 763,36 € (site du gouvernement français) comme pension d’ancien combattant. Encore, il fallait savoir lire et écrire pour réclamer cette pension, et beaucoup de rescapés rentrés chez eux ne l’ont jamais fait.


Une dette de sang qui ne s’achète pas et qui ne s'acquitte pas, au demeurant les oubliés de cette guerre et Histoire.



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